si ça tombe
hier soir spectacle de fin d'année pour simon et léontine...
sauf qu'il n'a pas eu lieu.
il y a la cour où on doit s'installer pour regarder le "journal télévisé" réalisé comme projet d'école
des chaises, et une tribune pour mieux voir.
la petite voix qui te dit que ces choses là en afrique ne t'inspire jamais confiance
mais l'évidence est que nous avons trop trainé et que nous ne verrons rien
alors on monte les escaliers et je me dis que ça n'est pas très haut si ça tombe
les gens s'installent
l'amoureux est sur un des bords contre la rembarde, quand au bout d'un court moment
il me dit que ça bouge.
je lui fait confiance mais tout à l'air normal.
il me fait remarquer les montants verticaux qui tiennent la bâche qui sert de toit, penchés vers la droite.
mais bon on est en afrique, rien n'est jamais droit.
étaient-ils droits quand on est monté?
l'amoureux s'éloigne de la rembarde et elle revient se coller à lui,
il faut descendre.
je fixe les montants et les vois "bouger" de façon imperceptible.
tout va très vite, tu vois et en même temps tu penses qu'il ne faut pas
affoler tout le monde.
le mouvement des montants s'accélèrent, c'est trop tard
je suis debout, je fais quelques pas
le sol se dérobe sous mes pieds, je tombe en avant en voyant tout s'écrouler devant moi
j'entends des cris, un bruit assourdissant,
en même temps ta pensée va à 100 à l'heure
tu penses à te protéger, que c'est interminablement long, tu penses que tu ne voulais pas monter là-dessus
tu penses à ta fille qui est devant la scène, qui sait que nous sommes sur l'estrade et qui la voit s'effondrer.
j'ai pensé aussi à ces accidents du même type qu'on a tous vu aux infos.
la pensée est curieuse dans ces moments là
et puis le bruit s'arrête, tu te relèves à toute vitesse,
ça va, la cuisse tire mais ça va, j'en suis quitte pour un bon bleu.
j'ai peur, je pleure, je tremble....sous le choc.
l'amoureux n'a rien lui non plus.
on descend pour ne pas gêner.
à priori tout le monde va bien, je pense que vers la droite il y a eu des blessés légers, mais je n'ai rien vu.
les gens s'activent pour relerver les barres métalliques, les chaises, vérifier que personne n'est coincé en dessous
je suis omnubilée par léontine, il faut que je la trouve pour la rassurer,
simon lui était en classe, n'a pas vu l'estrade tomber, et ne savait pas que nous étions dessus,
sa maitresse qui a entendu a fait "comme si" pour ne pas les affoler.
le calme revient peu à peu
la partie filmée du spectacle est diffusée, la partie journal télévisé ne peut se jouer: des parents sont partis avec leurs enfants.
je regarde sans voir, les larmes coulent toutes seules.
je n'ai été soulagée qu'en quittant l'école.
c'est un coup dur pour les enfants et leurs enseignants qui se sont investis sur ce projet tout au long de l'année, tout le monde était déçus, et sous le choc.
on espère qu'il pourront recommencer en fin de semaine prochaine.
on s'est repassé le "film" avec l'amoureux et c'est drôle quand je lui ai dis toutes mes pensées pendant que ça s'écroulait, lui, n'a pensé à rien...
mes mots sont décousus comme l'a été cette soirée.
il faut que je pose tout ça, pour m'en éloigner.
à quoi tient la vie?