Je me souviens de l'excitation qui naissait au début du printemps, quand aux premiers rayons de soleil, on enfilait blousons, pantalons, bottes, manchons et voilette, l'enfumoir à la main pour voir comment elles avaient passées l'hiver, nourries par le sirop que maman leur préparait.

Je me souviens de l'émerveillement lorsqu'au premières volutes de fumée, elles battaient le rappel sur la planche d'envol et nous laissaient ouvrir le couvercle, qui révèleraient les rayons un peu vides du début de printemps. De notre recherche, tous penchés au dessus des rayons qu'on soulevait un à un pour faire l'état des réserves, mais qui nous faisait toujours espérer entrevoir la reine et sa cour.

Je me souviens des premières chaleurs arrivées qui plombaient les premiers week end de mai, et qui rendaient palpables l'attente. Guettant et le ciel et le téléphone.
Je me souviens de l'effervescence qui nous prennait lorsqu'enfin on pouvait aller opérer, le chargement dans la voiture se faisait au quart de tour, tous équipés ou presque roulant en se demandant qui allait l'apercevoir le premier.

Je me souviens, de la masse bourdonnante qui crevait le ciel ou qui parfois s'était déjà arrimer à une branche, suspendu à hauteur d'homme ou nettement plus haut ce qui nécessitait alors des acrobaties supplémentaires, du coup donné sur la branche, et de l'essaim bourdonnant qui tombait lourdement dans le panier en-dessous.
Je me souviens des coups donnés dans la voilette par les gardiennes agressives.

je me souviens quand nous déversions le butin grondant dans la ruche prévue à cet effet, le temps était suspendu: nous guettions avec inquiétude, attendant que les premières abeilles battent le rappel, signe que la reine était bien dans notre trésor.

Quel bonheur c'était, malgré les quelques piqûres, que ces moments hors du temps, juste à observer.

Je me souviens de ces hausses qu'on rajoutait sur la ruche pour pouvoir faire notre récolte sans les appauvrir avant l'hiver, de ces rayons de cire où les alvéoles étaient juste dessinées et qu'elles devaient étirer pour en faire de vrais rayons à remplir.
Je me souviens quand elles arrivaient débordantes dans la cuisine transformée pour l'occasion en miellerie, de cette odeur enivrante qui saturait l'air, des morceaux de "gâteau" qu'on croquait mêlant cire et miel dans une même bouchée à la saveur incomparable.

Je me souviens de ces moments partagés comme de véritables trésors.
Aussi quand par une belle après-midi, ici, ça bourdonne, les souvenirs s'animent...

Elles se sont installées au-dessus de la salle de bain des garçons, dans une petite niche aux volets persiennes qui ne s'ouvrent pas et font de parfaites planche d'envol.
Et nous de pouvoir les observer du côté salle de bain par la vitre (d'où les reflets).

Là, pas de rayons préfabriqués, elles sont parties du néant pour créer leurs rayons aux alvéolles parfaites.
Et en observant, on s'est rendu compte, qu'elles avaient précédemment installé leur "ruche" dans une lucarne analogue au-dessus de la chambre de Louis.

L'essaim est petit, en hauteur et nous le laissons vivre sa vie....sûrement limité à terme par un traitement anti-termite.
Si je peux les déloger avant, j'aimerai bien mais comment?

Voilà ma copie en mots et en photos pour ce happysunday for happy week ma poppy